lundi 4 mars 2024

AFRIQUE duSUD 5/5: SOWETO, FOOT, ART et CONTESTATION



 Soweto, devenu « touristique » en raison de l’histoire n’est qu’un exemple parmi la nébuleuse des townships qui entourent les grandes villes, et qui continuent de s’accroitre. 

Construits pendant l’Apartheid, pour évacuer des centres les populations noires, les premiers suivaient un plan d’urbanisme, des « maisons baraques » en tôle sans confort, ni eau ni électricité. La ville tentaculaire de Soweto n’est plus  totalement l’image des bidonvilles, les construction neuves et les rénovations accueillent une middle class, voire une « upper middle class », comme notre guide Linda, nous en a fait la démonstration. Les bidonvilles s’étendent alors en périphérie. 


Soweto amélioré, au nombre de paraboles.
Il reste des quartiers sans rien

Les moyens du bord
Très chic

                                              En témoignent des agences immobilières. 

                         Les tours n'illustrent plus l'histoire, mais servent pour le saut à l'élastique..

Avec animation musicale..

Mais la majorité vit sous le seuil de pauvreté, en dépit de quelques aides.


                                        Le premier « Monument » que nous avons visité  :

Walter Sisulu square, autrement nommé place de la Paix, à Klipstone, quartier limitrophe de Soweto, fut édifié en 2005  pour célébrer le cinquantenaire de la Charte de la Paix, « Freedom charter ». Ce texte élaboré par les représentants du parti anti-apartheid, l’ANC, dont Mandela fut ultérieurement président, anticipa sur la constitution de 1996. 

 Walter Sisulu , emprisonné après le procès des 160  arrêté à Rivonia en 63, fut libéré en 1988. 

La Charte de 1955 demandait l’égalité de tous, le droit de vote, le droit à l’éducation, aux soins, à la justice, au logement et à la propriété. 


Justice pour tous





















L’ensemble architectural de grandes galeries autour d’un espace vert est précédé d’un série de grandes stèles, couronnées de sculptures illustrant chacun des articles. 

Des figures en strates de lauzes de schiste, qui, d’en bas ressemblent à des momies ou des guenilles. 

Une tour contient une copie de la Charte. 

La nature repris ses droits dans le parc, faute d'entretien..


Signe de la crise, les galeries sont devenues des commerces informels pour des gargotes
  de nourriture et des stands de « seconde main ». 
Toutes recettes..
























Notre guide local, Linda reconnaissait s’habiller de fripes quand son revenu (un salaire?) équivalait au prix de tennis de marque, soit 400 euros…. 
Et avec humour..



Et pour le transport, s’en remettre aux taxis, équivaut à diminuer les salaires de moitié.



Les gouvernements récents continuent de construire, au sortir des villes, des lotissements équipés, gratuits, mais qui comme les anciens sont dépourvus d'un système de transports publics; l'une des raisons de l’appauvrissement des classes populaires, est le chômage qui atteint 40% de la population noire.. Nous n’avons pratiquement pas croisé de blancs, sauf dans les supermarchés et les hôtels.


DANS LES VILLES. 


L’effet chômage  se repère partout, à Pretoria, la traversée de la place centrale, assez terrain vague, nous a été autorisée qu’avec l’escorte d’une charmante policière. 

A Johannesburg , hors le centre chic (ch.2) les jeunes noirs glandent dans des rues en déliquescence, alors qu’on longe une longue file de jeunes filles qui font la queue pour s’inscrire à l’Université.  C'est la rentrée. Fort chère, d’où le manque de diplômés. 



 Le problème de l’éducation; 

Vidéo (floue) au Mémorial.(ch1) 

Collégiens à Soweto.

Voiture de Collège.

On croise partout les scolaires en uniforme. 

Si le primaire est gratuit, sauf à payer l’uniforme, une moyenne de 200 euros, en revanche le collège et le lycée sont payants, et souvent très chers, un sacrifice pour les familles. 


Lors d’un arrêt à East London, ville industrielle assez riche, l’hôtel de luxe, début XXème, gigantesque, assez fantastique, quoique soumis comme partout aux délestages de l’électricité, sauf pour la télé..? 

Il accueillait la remise des diplômes des collèges de la région. Niveau bac.

Certains repartaient, d'autres restaient passer la nuit. Et par ailleurs on fêtait les champions de cricket..


Une majorité de noir(e)s, en grande tenue, les parents sur leur trente et un, les lauréats serrés dans leur uniforme (il faisait très chaud). 



La grande gagnante  exhibait la brochette de tous ses 1ers prix, son diplôme et son trophée: 


50x65 cms !


















Un truc gigantesque, super encombrant dans l'ascenseur,  entre un samovar kitch et une adaptation de la « coupe africaine » traditionnelle des ethnies du Mozambique, (après vérification) rencontrée dans un lodge. infra . Même dimension..


une "coupe" à boire.


























J’ai pu dialoguer quelques minutes  avec elle sur le contenu de l’enseignement, littérature, des sciences et outre l’anglais, la langue Xhosa, officielle dans cette province du Cap Oriental (Mandela en était originaire, ch.1) 


  





DU SPORT


Durban :  le stade Madhiba, camping ou refugiés?

Après le succès des Springbok, l’équipe de rugby gagnante en 1995 et saluée par Mandela, voir "Invictus", la coupe du monde de foot de 2010 avait relancé l’économie, et la notoriété de l’Afrique du sud dont la politique visait à renforcer la place des états africains dans le monde. 


Soweto
La construction de nouveaux stades, ainsi à Soweto, Johannesburg, Le Cap  et Durban

un détour pour la photo obligatoire...même à Dullstroom (sauf erreur) le stade des girafes.



 L’accueil des équipes de toute l’Afrique a  eu des effets secondaires sur les arts …


C’est ainsi que dans un hôtel de luxe, sans doute construit pour les visiteurs, et maintenant les touristes, le propriétaire collectionneur expose des masques, du Gabon et d’ailleurs; 

























des portes du Mali et de Guinée, et pièces d'autres pays d'Afrique centrale. 


Dogon ou Nigeria.

et quelques réalisations d’Afrique du sud, contemporaines, à base de perles ou de textile. 



ART et POLITIQUE


Le film:  « Une saison blanche et sèche », d’après le livre d’André Brink, (tourné en 1980, au Zimbabwe) illustrait les pires moments de l’Apartheid, en 76, les émeutes des étudiants et massacres des services spéciaux. Une  rare réalisatrice française "coloured", de Martinique. 



On avait vu au Cap les muraux, pour la défense de Gaza. Dans un style "Bansky international".





 



















Dans le même quartier une galerie exposait des artistes travaillant avec de la « récup »

Images stupéfiantes des bidonvilles, dont celui de Cape town, qui ne fait pas partie des visites..





 
Le "Golden mile"





  


















A  DURBAN, port riche et station balnéaire, dont la visite fut très encadrée en raison de la "dangerosité", le gardien de l’hôtel a jugé nécessaire de m’escorter le long de la plage. 

Des Joggers blancs, des baigneuses, noires, et des souvenirs de l'Inde.

 


Douches.
Beaucoup de stands de souvenirs et tissus.  Une jolie gamine attend, quoi ??


en uniforme.
Qui travaille?


Des Muraux, très récents, sur un vestiaire fermé, énoncent une discrimination qui n'a jamais vraiment cessé.  Déception d'une population qui n'a pas vu le progrès annoncé par l"ANC, parti actuellement contesté. Soupçons de corruption, crise économique et toujours les blancs riches au pouvoir. Bientôt une élection à suivre..



                                                       Mémorial à Mthatha: la promesse..


Les leaders du mouvement anti-Apartheid des années quatre vingt se retrouvent dans des brocantes. 

Souvenir de Olivier Tambo, qui fut l'associé de Mandela dans leur bureau d'avocats, dirigeant de l'ANC exilé à Londres et  de Steven Biko, militant  assassiné en 77.  

On a vu sa statue à Port Elizabeth. 















Autre mémoire révolutionnaire historique,

 Che Guevara trouvé dans un marché rural..



Une revendication légitime.


Cette semaine, (26-29 février) sur France culture, Une série documentaire, en podcast:

 « A cause de Mandela », fait un point sur l’état actuel de la démocratie et le moment en 96-98, sous la présidence de Mandela, de la Commission  « Vérité et réconciliation », qui contribua à l’unification de l’Afrique du sud. Témoignages de survivants.


















Le quatrième épisode est consacré à l’artiste africain blanc , William Kentridge, né en 55 à Johannesburg, fils d’avocats anti-apartheid  et connu internationalement. 

Parmi ses nombreuses oeuvres , dessins, vidéos et films, tous engagés, il faut avoir vu un film d’animation:  

MORE SWEETLY PLAY THE DANSE.  (passé plusieurs fois en France, accessible sur You tube. La video ne passe pas ici, désolée.. Cherchez !